Les Mondes de l’agroécologie

Un livre paru en août 2019, aux éditions Quae, rédigé par deux imminents agronomes Stéphane BELLON et Thierry Doré. Un éclairage concis sur l’agroécologie.

« Penser global, agir local »
 

L’Humain au cœur du système ; une agro-écologie « technique » est un non-sens.

L’agriculteur/trice n’est plus « exploitant/e », un des termes les plus violents de l’agriculture moderne. Une mine exploitée est vouée à l’abandon ou au comblement. Est-ce le sort de la terre nourricière?

L’agro-écologie s’approche différemment selon les systèmes de production :

  • systèmes extensifs : l’objectif principal est d’augmenter la production et d’améliorer l’autonomie alimentaire, en respectant le potentiel agronomique du sol:
    • en intégrant/combinant dans l’espace les plantes annuelles et pérennes;
    • en introduisant l’animal.

Projets au Maroc et en Tunisie : https://www.youtube.com/watch?v=nmeqUxhv6f4

  • systèmes intensifs en quasi-monoculture : l’objectif principal est de réduire la dépendance aux intrants issus de ressources non renouvelables et de limiter les effets indirects sur l’environnement et le sol :
    • en raisonnant et réduisant les apports fertilisants ; l’étude du sol et de sa fertilité est un préalable
    • en intégrant les moyens alternatifs de protection des cultures;
    • en éliminant les facteurs de perturbation de la biologie du sol comme la désinfection du sol chimiquement et par solarisation et en limitant le travail du sol profond notamment le labour ou la herse rotative.

 

Le ré-aménagement de l’espace cultivé devient indispensable.

Faire un état des lieux en système intensif s’impose, le diagnostic agro-écologique de l’ACTA, est un des outils pour y parvenir.

L’agriculteur produit pour nourrir et valoriser sa production, et non pour générer des déchets et gaspiller ; un des travers majeurs de l’agriculture actuelle et de certains circuits de vente est d’imposer des normes cosmétiques (esthétiques) pour acheter les fruits et légumes au producteur, y compris en agriculture biologique.

Un très bon éclairage dans ce Focus de l’INRA Toulouse : L’agro-écologie, quelles voies d’action pour la modernisation écologique de l’agriculture?

Réussir sa transition agro-écologique

 
  • La présence d’un sol vivant, respecté et protégé est un préalable. Un sol pris en considération dans toutes ses composantes de fertilité biologique, organique, minérale et structurale.
  • La réflexion au niveau d’un territoire et ou d’une surface importante est indispensable. L’agro-écologie individuelle et à l’échelle d’une parcelle n’est pas concevable. Comme « une goutte d’eau dans un océan » ou « une aiguille dans une botte de foin »
  • L’arbre l’ami du système, même en productions fruitières intensives et en mono-cultures végétales.
    • dans le système extensif : protection contre les érosions éolienne et pluviale ; parcage des animaux ou barrière aux intrusions des animaux dans les parcelles cultivées; complément alimentaire pour les humains, éventuellement pour les animaux ; bois de chauffage; source de matériaux structurant pour les composts ou pour pailler les cultures après broyage ; …
    • dans le système intensif : augmenter la biodiversité « végétale » y compris dans les vergers ; héberger les auxiliaires, les abeilles, les autres insectes pollinisateurs et les oiseaux ; réduire la consommation d’eau des cultures par évaporation ; …
  • Les couverts végétaux, permanents ou temporaires. Le sol couvert, le moins possible nu, notamment en périodes de fortes pluies ou de vents violents.
  • La légumineuse, plante pionnière, « reine » de l’autonomie du système.
  • L’animal est complémentaire du système végétal, mais n’est pas une finalité en soi. Il consomme les déchets, valorise les réserves en herbe et apporte la matière organique.
  • Les déchets compostés, rien ne part en fumée.

Agro écologie en pratique

Projet FNAB Sols-Bio – Climat 2019-2021

Objectif de l’Axe 1 : Stockage carbone et fertilité des sols

Favoriser la diminution de l’émission des gaz à effet de serre et l’adaptation au changement climatique des  entreprises agricoles et des territoires

On cherche des solutions à essaimer pour à la fois atténuer le changement climatique et s’y adapter.

La décision préalable au lancement du projet de travailler sur le système de grandes cultures, faisant lien entre 6 régions a été percutante. A postériori, l’étude de l’INRA sur le 4 pour 1000 restituée en juillet 2019 (Stocker du Carbone dans les sols français : Quel potentiel au regard de l’objectif 4 pour 1000 et à quel coût ?), nous a donné raison de ce choix, car dans cette filière résident les marges de progrès et de manœuvres les plus étendues pour stocker le carbone.  Les grandes cultures ont les niveaux en MO les plus bas après la viticulture.

Stockage  de carbone et fertilité des sols le 4 pour mille (4‰)

L’initiative lancée par la France à la COP21, propose d’augmenter chaque année à l’échelle mondiale de 4‰ le stock de carbone présent dans les sols (0-30 cm de profondeur), en vue d’atténuer les GES – gaz à effet de serre (Oxyde de Carbone, Méthane, Protoxyde d’azote).

En France en mettant en œuvre l’ensemble des pratiques au niveau agricole , le 4p 1000 ne permettrait de compenser que 12 % des émissions nationales annuelles, avec un stockage additionnel de 3,3 ‰ (1,9 ‰ en incluant les surfaces forestières)

1 tonne de carbone équivaut à 3,66 tonnes de CO2

1 tonne de carbone organique du sol équivaut à 1,72 tonnes de MO

 Le 4 pour mille en grandes cultures

La synthèse de l’étude de l’INRA de juillet 2019, montre que c’est en grandes cultures que réside le plus grand potentiel de stockage additionnel +5,2 ‰ , grâce à 5 pratiques.

Les plantes sont autotrophes, c’est-à-dire autonomes en énergie. Grâce à la photosynthèse et à un enracinement plus ou moins profond, elles n’ont pas besoin d’apports extérieurs, et sont capables de stocker le carbone dans le sol.

 

Stockage additionnel de carbone  sur 30 cm kg C/ha/an:

  • Introduction couverts végétaux                                  126 kg
  • Allongement des prairies temporaires                       114 kg
  • Agroforesterie intra-parcellaire                                   207 kg
  • la plantation de haies                                                       17 kg
  • l’apport de compost                                         varie selon la quantité apportée

Stockage additionnel des autres cultures :

  • Vignoble : enherbement                                                       182 kg/ha/an
  • Prairies permanentes remplacement fauche – pâture 265 kg/ha/an
  •  Prairies permanentes intensification modérée             176 kg/ha/an

Les structures bios impliquées dans le projet

Structures / animateur.trices Producteur – Commune Culture en place en 2019
Bio en Hauts de France

Raphaël Delva

Corentin Masson

Chèvreville (60)

Carottes
Civam Bio Mayenne

Thomas Queuniet

Jean-François Gaumé

Saint Quentin Les Anges (53)

Avoine d’hiver
Bio En Grand Est

Yoan Michaud

François Marchand

Saulx Les Champlons (55)

Maïs
Bio Lot

Orlane Salvadori

Denis Dalots

Saint Pantaléon (46)

Lentille
Les Bio du Gers

Quentin Sengers

Lionel Autipout

Noilhan (32)

Soja
Bio de PACA

Didier Jammes

Pierre Albouy

Forcalquier (04)

Blé – Khorasan

Le projet a démarré par une réunion –formation  à Paris le 22 mars 2019, avec les  6 technicien/nes réuni/es afin de parfaire leur connaissance sur le sol, d’harmoniser leur approche terrain et co-construire la méthodologie d’appel à candidature.

Les résultats des analyses de terre des 6 parcelles choisies pour le projet

Les analyses de terre réalisée avaient pour objet de caractériser l’état du sol sous l’angle de sa fertilité organique et biologique.

Le détail du menu analytique réalisé par le laboratoire Teyssier (26) et Célesta-lab (34): Granulométrie après décarbonatation pour les sols calcaires, pHeau et KCl, CEC Cobaltihéxamine, les cations échangeables, le phosphore assimilable méthodes Olsen et Joret-Hébert, la biomasse microbienne  (méthode d’extraction-fumigation) et les M.O. humifiées avec 2 compartiments acides humiques et acides fulviques (Méthode d’extraction chimique d’une partie des composantes de l’humus dans une solution de pyrophosphates basée sur les travaux de recherche de l’ORSTOM).

La biomasse microbienne (carbone microbien méthode normalisée de fumigation-extraction) est notre indicateur pour une étude de courte durée- de l’impact des nouvelles pratiques sur le stockage de carbone dans le sol et l’amélioration de sa fertilité

 

Second sommet de l’agroécologie en viticulture – acte II

 

Particpant/es au Second Sommet, informel et convivial, de l’agroécologie viticole dans les Monts de Vaucluse à Lagnes, dans nos vignes le 12 septembre 2019 :

Viviane Sibé, Chambre d’agriculture de Vaucluse

Marie-Elise Riman, viticultrice

Stéphane Bellon, INRA

Marc Chovelon, référent viticulture bio au niveau national et technicien au Grab

Philippe Pouchin, anciennement gérant de domaine viticole et Consultant en viticulture

Guillaume Rerolle, anciennement viticulteur et président du GRAB

Karim Riman, Viticulteur et consultant en agro-écologie

Excusés : Nadine Maffli (passionée par la botanique) et Xavier Salducci (Célesta-Lab)

Plein de questions soulevées et débattues lors de ce Second Sommet de l’agroécologie viticole :

  • Impact de ce système d’enherbement naturel partiel 1 rang sur 2 alterné et permanent sous le rang sur la réduction de la pression des maladies
  • Impact de ce système sur  la résistance et résilience de la vignele avec ce changement climatique
  • capacité de ce système à stocker du carbone et mobiliser les éléments minéraux du sol

L’année 2019 a permis de n’utiliser que 400 g de cuivre métal/ha pour l’ensemble des parcelles et des cépages. jusque là 1200-1300 g de cu métal étaient appliqués, excepté 2018.

Les vignes se portent très bien et la récolte est au RDV. Elles souffrent (notamment le muscat) d’un manque d’azote en lien avec la forte sécheresse, 175 mm de pluie du 1er janvier 2019 au 31 août 2019, mais elles n’ont pas perdu leurs feuilles.

N’y a-t-il que l’effet année ?

N’y aurait-il pas également l’effet de 14 ans d’enherbement sous le rang et 1 rang sur 2 enherbé en permanence durant 2 ans (alterné tous les 2 ans)?

Est-ce l’effet protecteur des symbioses racinaires ayant une effet direct sur les défenses naturelles de la vigne ?

La biomasse microbienne a été multipliée par 2 de 2006 à 2019.

Le carbone organique et l’azote stockés dans le sols ont progressé depuis 2006 sur 2 parcelles analysées

Les sarments analysés en mars 2019 ne montraient pas de carence, voir une richesse minérale dans la norme.

 

Sommet de l’agroecologie en viticutlure 12 sept 2019 à Lagnes – Acte II