Francis CHABOUSSOU, Directeur de recherches honoraire à l’INRA, pendant près de cinquante ans, établit sa théorie, la Trophobiose selon laquelle « tout parasite ne devient virulent que s’il rencontre dans la plante les éléments nutritionnels qui lui sont nécessaires ». Révolutionnaire, car il prouve, dès 1970 et en pleine hégémonie des traitements chimiques, que ces derniers, au contraire des idées émises, contribuent à développer dans la plante ces éléments qui permettent aux champignons, acariens, insectes, virus et autres bactéries d’y proliférer… Visionnaire car, a contrario du credo « moderniste » de cette époque, il démontre également que seule l’agriculture biologique peut assurer l’équilibre écologique interdisant aux parasites latents de devenir nuisibles…
Auteur de nombreux ouvrages :
– Santé des cultures, une révolution agronomique, paru en 1985, La Maison Rustique.
– Agriculture biologique, agriculture de la protéosynthèse, paru en 1982, IRAB.
– Les plantes malades des pesticides, réédité en 2011, Utovie.
Relations Plante- Parasite
pages 44-45 de l’ouvrage Santé des Cultures
»
Notre théorie de la Trophobise selon laquelle : « tout processus vital se trouve sous la dépendance de la satisfaction des besoins de l’organisme vivant, que celui-ci soit virus, végétal ou animal »
En d’autres termes, cela signifie que la Plante, ou plus précisément, l’organe en question, ne sera attaqué que dans la mesure où son état biochimique correspondra aux exigences trophiques du Parasite en question.
Or – et c’est là le second point important de notre théorie -, nous avons vu que ces substances nutritionnelles sensibilisatrices consistent dans les éléments solubles du métabolisme intermédiaire, soit : azote soluble (acides aminés libres) et glucides réducteurs. Ce qui ne signifie nullement que les différents parasites présenteraient des besoins nutritionnels identiques, mais qu’ils puisent tous, dans le « pool » des substances dissoutes dans le liquide de la vacuole cellulaire.
D’autre part, et comme nous y avons fait allusion plus haut, tout donne à penser que le rapport éléments azotés/glucides réducteurs pourrait, en première approximation tout au moins, servir de critère aussi bien pour le classement des maladies que des ravageurs animaux, en fonction de leurs besoins nutritionnels….il semble que l’azote soluble soit, par excellence, l’élément nutritionnel favorisant le développement des différentes affections.
La relation Vigne-Mildiou est étayée pages 31- 32 – 33, dans l’ouvrage « santé des cultures » :
Les relations Vigne-Mildiou ont été particulièrement bien étudiées par Pantanelli (1921). Ces travaux peuvent se résumer ainsi : l’attaque du Mildiou suppose :
– D’une part, la germination des conidies,
– D’autre part, l’attirance des zoospores par les stomates, afin qu’il y ait pénétration.
Or, observe Pantanelli, si l’humidité du sol présente une influence capitale sur l’ouverture des stomates, par conte, la condensation de l’eau sur les feuilles a une action opposée sur les stomates. Bref, les conditions favorables à l’attaque sont réalisées par une nuit humide suivant une période chaude et sèche.
Cependant, l’humidité de l’air constitue, pour l’attaque, une seconde et importante condition, et ceci parce qu’elle influe sur les échanges nutritionnels des tissus foliaires…. En conditions humides et bien éclairées … la proportion des hydrates de carbone solubles était supérieure à l’amidon … la proportion des composés azotés et phosphorés était également élevée, favorisant les germinations
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Bref, tout ce processus par lequel la Plante intervient explique pourquoi les infections se produisent de préférence à l’aube : c’est le moment en effet où sont atteints la plus grande solubilisation de l’amidon et le maximum de décompositions des protéines.
En résumé, aussi bien l’influence de l’humidité que celle de la température s’accordent pour faire ressortir toute l’importance des composées solubles dans l’infection des feuilles de Vigne par le Mildiou. Et ceci par leurs effets nutritionnels. Ceux-ci sont d’ailleurs confirmés par l’influence de l’âge de la feuille….
– Les très jeunes feuilles ne se laissent pas infecter, car elles renferment une plus grande quantité d’albumine, corrélative, d’ailleurs, de l’absence presque complète de composés solubles dans l’eau.
– Par contre, les feuilles plus âgées, y compris les adultes, se laissent infecter. Toutefois chez les feuilles adultes, le mycélium progresse très peu.
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La composition la plus favorable à l’attaque est caractérisée par une forte proportion de sucre, en comparaison à l’amidon, et de composés solubles azotés et phosphorés, relativement aux insolubles, c’est-à-dire par rapport à l’albumine, nucléine et protéides. Les acides organiques libres ne semblent pas avoir d’importance.
Ceci confirme, d’ailleurs, d’une façon générale, la raison de la résistance des feuilles matures aux infections : soit par leur faible quantité de composés azotés libres, la plus grande partie de l’azote étant contenue dans la protéine (Mackee H.S., 1958).
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En Résumé, l’étude des relations Vigne-Mildiou par Pantanelli montre bien toute l’importance des éléments nutritionnel solubles dans la contamination et l’infection par le champignon pathogène. Soit donc : dans le cadre d’un métabolisme où la protéolyse prédomine sur la protéosynthèse.
Si, comme l’a prouvé Pantanelli, les sucres ne paraissent présenter qu’une importance secondaire dans le cas du Peronospora, il peut fort bien ne pas en être de même pour d’autres champignons qui nécessitent, au contraire, semble-t-il de grandes quantités d’hydrates de carbone.
Engrais minéraux et sensibilité des plantes au Parasitisme
Dans son ouvrage Agriculture biologique agriculture de la protéosynthèse, Monsieur CHABOUSSOU pose la question suivante pages 29 et 30 : L’agriculture classique avec l’emploi d’engrais minéraux, est-elle une cause de sensibilité des plantes au parasitisme?
« Or, à cette question, nous avons eu déjà l’occasion de faire un commentaire de réponse en étudiant les répercussions des engrais solubles, et en particulier, des engrais azotés….
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Rappelons tout d’abord, que l’étude du déterminisme de ce qu’il est convenu d’appeler « les déséquilibres biologiques » soit des pullulations d’insectes ou Acariens ou bien des développements « anormaux » de maladies étaient dus en plus grande partie, aux modifications physiologiques et biochimiques entraînées dans la Plante par l’action des pesticides.
Plus précisément, nous avons montré – notamment en ce qui concerne la multiplication des Acariens -qu’il s’agissait d’un processus d’ordre nutritionnel ; en d’autres terme, trouvant dans les tissus de la Plante ainsi modifiés dans leur composition, une nourriture plus favorable, les parasites – qu’ils soient Insectes, Champignons parasites ou même virus – sont à même de proliférer.